« Annie aime les sucettes, les sucettes à l’anis… » vous dit quelque chose ? C’est la chanson de France Gall qui a conquis l’Europe en 1967. Elle devient célèbre, mais engendre une polémique. Alors, les sucettes à l’anis sont-elles réellement des sucettes ? Découvrez ici l’origine des paroles et le scandale du tube.
Les sucettes à l’anis : retour aux origines du titre
France de Gall n’a que 18 ans lorsqu’elle chanta sa nouvelle chanson les sucettes à l’anis. En effet, elle cumule le succès de ses anciennes chansons écrites » Laisse tomber les filles » (1 965) ou “Nous ne sommes pas des anges” en toute collaboration avec le célèbre Serge Gainsbourg.
Mais, celle-ci est toute particulière et elle l’explique de cette manière : “avant chaque disque, Serge me demandait de lui raconter ma vie, ce que j’avais fait pendant les vacances. Alors, je lui ai dit que j’avais été à Noirmoutier chez mes parents. Là-bas, il n’y a pas grand-chose à faire, sauf que, tous les jours, j’allais m’acheter une sucette à l’anis…” expliqua-t-elle au Parisien.
De tout cœur, Serge écrit la chanson et sort la composition. Séduite par cette belle mélodie, elle décide de la chanter. De façon anodine, la chanson exprime l’histoire d’une fillette Annie, friande de sucettes qu’elle va acheter au drugstore.
France Gall, naïve comme tout à l’époque, chante la chanson, mais ne comprend pas le message à travers les paroles. En réalité, il s’agit de la pratique de la fellation décrite implicitement dans le tube. Serge Gainsbourg l’approuvera lui-même plus tard.
La seconde partie de la chanson évoque l’acte en lui-même. Le sucre d’orge qui s’écoule dans la gorge d’Annie n’est autre que de l’éjaculation. Quant au compositeur, il insiste sur les pennies que prend l’héroïne tous les jours pour acheter ses friandises.
En outre, la sonorité des pennies dans le tube rejoint celui du pénis. Par ailleurs, le clip de la chanteuse montre bel et bien des sucettes de forme allongées rappelant le sexe masculin.
Scandale et humiliation publique
Après la sortie du tube, elle résonne dans toutes les chaînes radio et fait fureur dans toute la France. France de Gall déclare qu’elle l’a chantée innocemment sans s’en rendre compte. Certains se moquent de son innocence tandis que d’autres l’accusent de connaître parfaitement le sens. Elle affirme ainsi : “Moi, je n’en savais rien. Et quand je suis revenue, je n’osais plus sortir de chez moi. Je n’osais plus faire de radio, plus de télé. ” Déclare-t-elle à l’éditeur Philippe Constantin en 1968.
Malgré la grosse bourde qui éclate en France avec les sucettes, la chanson n’est pas censurée, mais France de Gall vit très mal sa notoriété. Quant à sa carrière, elle bascule et la jeune femme est attaquée pour tout et rien. Plusieurs personnes ont alors pensé que toutes ses chansons sont à double sens.
En fin de compte, bien que la chanson n’ait pas été censurée, celle-ci reste dans la conscience de beaucoup de Français de l’époque et dans les archives musicales du territoire tricolore. En 1973, France de Gall reprend sa carrière en faisant la rencontre de Michel Berger son futur compagnon. Aujourd’hui, l’incident des sucettes se retrouve aux oubliettes.